Le Capitole de Washington, siège du Congrès américain, le 4 novembre 2025 ( AFP / Mandel NGAN )
Les Etats-Unis sont entrés mercredi dans leur 36e jour de paralysie budgétaire, battant ainsi le record du plus long "shutdown" de l'histoire du pays, au moment où les conséquences néfastes pour des millions d'Américains s'étendent de jour en jour.
Depuis le 1er octobre, républicains et démocrates sont incapables de s'entendre pour adopter un nouveau budget et à minuit heure de Washington, dans la nuit de mardi à mercredi, le "shutdown" a dépassé la précédente marque de 35 jours, établie en 2019 lors du premier mandat de Donald Trump.
"Je vais être honnête avec vous, je pense qu'aucun d'entre nous ne s'attendait à ce que cela traîne autant en longueur", avait confessé plus tôt mardi le président républicain de la Chambre des représentants, Mike Johnson.
Le "speaker" de la Chambre américaine des représentants, le républicain Mike Johnson, lors d'une conférence de presse au Capitole de Washington, le 4 novembre 2025 ( AFP / Mandel NGAN )
Coïncidence du calendrier, ce record est survenu peu après l'annonce des résultats de plusieurs élections clés, où les démocrates ont signé de larges victoires.
La Virginie, avec Abigail Spanberger, et le New Jersey, avec Mikie Sherrill, ont notamment élu des candidates démocrates comme nouvelles gouverneures tandis que New York a choisi le progressiste Zohran Mamdani pour maire.
Les Californiens ont eux approuvé un texte visant à redécouper leur carte électorale, en réponse à un mouvement similaire des républicains au Texas.
Autant de scrutins servant de baromètre pour les neuf premiers mois du second mandat de Donald Trump.
- "Kamikazes" -
Pour expliquer ces revers, le président a cependant pointé du doigt sur sa plateforme Truth Social deux raisons: "Trump n'était pas sur les bulletins de vote" et "la paralysie budgétaire".
Durée des "shutdowns" (paralysies budgétaires) de l'administration fédérale américaine en fonction de leur année de début, depuis les années 1970 ( AFP / Corin FAIFE )
Dans l'autre camp, l'heure était aux réjouissances.
"Les démocrates fument Donald Trump et les républicains extrémistes à travers le pays", s'est gaussé sur X le chef de la minorité à la Chambre, Hakeem Jeffries.
L'opposition espère désormais pouvoir se servir de ces résultats électoraux comme levier pour faire bouger les lignes de la paralysie budgétaire.
Mais pour Donald Trump, "les démocrates radicaux au Sénat n'ont montré aucun intérêt" à mettre fin au blocage.
"Je pense que ces gens sont des kamikazes, ils vont démolir le pays", a lancé mercredi le président républicain, ne disant pas s'attendre à une fin rapide du "shutdown".
Le chef de la minorité démocrate à la Chambre américaine des représentants, Hakeem Jeffries, lors d'une conférence de presse au Capitole de Washington, le 4 novembre 2025 ( AFP / Mandel NGAN )
En attendant, les effets se font de plus en plus sentir pour les Américains.
Des centaines de milliers de fonctionnaires fédéraux ont été mis au chômage technique, avec un salaire différé, et des centaines de milliers d'autres sont forcés de continuer à travailler, sans paie non plus jusqu'à la fin de la crise.
Les aides sociales sont également fortement perturbées.
Donald Trump a juré mardi que puisque le principal programme d'aide alimentaire était à court de fonds, le versement de cette assistance dont bénéficient 42 millions d'Américains serait gelé tant que les "démocrates de la gauche radicale" n'auront pas voté la fin du "shutdown".
- "Position intenable" -
Des bénévoles de l'association People's Pantry Food déposent des denrées alimentaires lors d'une récolte devant le ministère américain de l'Agriculture, à Washington, le 30 octobre 2025 ( AFP / Oliver Contreras )
La justice fédérale a pourtant ordonné à l'administration de maintenir cette aide et la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, a assuré mardi que le gouvernement se conformerait aux décisions judiciaires.
"Les bénéficiaires de l'aide SNAP doivent comprendre qu'il faudra du temps pour recevoir cet argent, parce que les démocrates ont mis l'administration dans une position intenable", a-t-elle ajouté devant la presse.
Dans les aéroports, l'enlisement se fait aussi sentir avec des pénuries de contrôleurs aériens, entraînant retards et annulations de vols.
Et si la paralysie budgétaire se prolonge au-delà de cette semaine, l'espace aérien américain pourrait être partiellement fermé, a mis en garde mardi le ministre des Transports, Sean Duffy.
"Vous verrez un chaos généralisé", a-t-il déclaré, mettant la pression sur l'opposition pour lever le blocage.
Le président américain Donald Trump s'exprime devant la presse à sa sortie d'Air Force One, à l'aéroport international de Palm Beach, en Floride, le 31 octobre 2025 ( AFP / ROBERTO SCHMIDT )
Au Congrès, les positions des deux camps ne bougent pas: les républicains proposent une prolongation du budget actuel, avec les mêmes niveaux de dépenses, et les démocrates réclament une prolongation de subventions pour des programmes d'assurance santé à destination de ménages à bas revenus.
En raison des règles en vigueur au Sénat, plusieurs voix démocrates sont nécessaires pour adopter un budget même si les républicains y sont majoritaires.
Mais Donald Trump rejette toute négociation avec l'opposition sur la santé sans "réouverture" de l'Etat fédéral comme préalable.

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